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Coco – critique du film

By 29 novembre 2017décembre 3rd, 2017Critiques
Coco
Note de la rédaction :

Dernier né des studios Pixar, Coco plonge le spectateur au cœur du jour des morts, tradition mexicaine au cours de laquelle Miguel, jeune garçon qui rêve de devenir musicien, va se retrouver projeté dans le monde des défunts.

La projection commence par une déception : le traditionnel court-métrage Pixar a été remplacé par une production Disney, dérivée de la Reine de Neiges. C’est sans doute déjà très mauvais en VO, mais en français c’est carrément atroce. Je ne sais pas qui sont les sadiques responsables des chansons mais ils mettent autant d’entrain que Muse à tenter de nous tuer d’un cancer des oreilles.

Cette douloureuse entrée en matière passée, les survivants ont eu la chance de pouvoir voir Coco. Dès les premières images du film, on mesure le gouffre qui sépare les tâcherons de la pompe à fric des artistes de Pixar, certes rentables mais autrement plus inspirés.

Depuis qu’un musicien a quitté son arrière-arrière-grand-mère pour devenir célèbre, la musique est bannie dans la famille de Miguel. Pourtant le jeune garçon n’a qu’une envie : devenir musicien. Alors qu’il s’introduit le soir de la fête des morts dans le mausolée de son idole, Ernesto de la Cruz, il se retrouve transporté dans le monde des morts.

Loin de se limiter à une simple aventure dans cet univers, Coco est, comme tous les films Pixar, une œuvre qui pousse à la réflexion, au premier chef sur les thèmes de la mémoire et de la famille, qui apparaît dans le film de nature duale. Porteuse d’une tradition impitoyable, elle est d’abord un carcan qui empêche Miguel de réaliser son rêve et le pousse à fuir mais se révèle, dans le monde des morts, protectrice, cherchant à aider le jeune garçon à rentrer chez lui, non sans tenter de lui imposer ses conditions.

A ce sujet se mêle celui de la mémoire, abordé par le biais de l’hommage rendu aux ancêtres durant le jour des morts, tradition d’ailleurs intelligemment utilisée pour ôter toute dimension sinistre à leur monde. Cette mémoire, c’est d’abord celle des défunts, condition de leur existence et de leur visite annuelle parmi les vivants. Mais c’est également l’héritage familial, matériel et culturel, tous deux étroitement liés dans le film, la création de la fabrique de chaussures par l’aïeule de Miguel étant la conséquence de son abandon par son compagnon. Outre que cette mémoire peut être éloignée de la réalité qui la fonde, le jeune garçon découvrira qu’un héritage peut être inconscient et traverser les générations et que, plus qu’un lien avec les morts, la mémoire l’est entre les vivants.

Habilement amenés, avec émotion mais sans gravité, ces thèmes s’articulent avec fluidité dans Coco, convoqués par les figures rencontrées par Miguel, complexes et bien écrites. Ainsi le personnage d’Hector ne se réduit pas à une figure de faire-valoir comique et s’avère essentiel à l’histoire. En revanche, celui du « méchant » se révèle trop monolithique et caricatural pour être réellement intéressant.

Visuellement, Coco est une réussite totale. Superbement animé, il est également paré de magnifiques couleurs. Déjà très belles dans le monde des vivants, elles deviennent éclatantes dans celui des morts, en écho au caractère festif du jour des morts, dont la nature baroque imprègne pleinement leur univers.

S’il n’atteint pas l’extraordinaire intelligence de Vice-Versa et la bouleversante poésie de Wall-E, Coco n’en reste pas moins un très bon Pixar, drôle, intelligent, rythmé et superbement animé.

16,5
NOTE GLOBALE
Ghost Writer

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