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Call Me By Your Name de Luca Guadagnino

By 21 février 2018Critiques
call me by your name
Note de la rédaction :

Sur les écrans américains depuis le 24 novembre 2017, Call Me By Your Name est un film qui a su faire parler de lui. Le long-métrage fait actuellement face au marathon des remises de prix, Golden Globes, Bafta et prochainement les Oscars et pour le moment c’est le scénariste James Ivory qui a été le plus primé, qu’en sera-t-il aux Oscars ? Rendez vous le 4 mars 2018. Call Me By Your Name est le dernier volet d’une trilogie entamée par son réalisateur Luca Guadagnino, qui a été choisi pour réaliser le remake du Suspiria de Dario Argento. Critique.

Synopsis : Été 1983. Elio Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice. Un jour, Oliver, un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont bientôt découvrir l’éveil du désir, au cours d’un été ensoleillé dans la campagne italienne qui changera leur vie à jamais.

Après le visionnage du film, une référence s’est imposée assez brutalement. Volontairement ? Dans une inspiration inconsciente d’un cinéma adoré ? Eric Rohmer, cinéaste de la nouvelle vague, a très probablement aidé à installer l’univers merveilleux et intemporel de Call Me By Your Name. D’ailleurs, Le genou de Claire et La collectionneuse sont à voir absolument tant l’ambiance du film de Luca Guadagnino s’y rapproche. C’est un film à part, en premier lieu car il traite de l’amour avec un grand A avant d’être un film sur la découverte des désirs et l’homosexualité. Call Me By Your Name parvient à transcender son sujet en refusant d’aborder l’homosexualité  par le prisme de la marginalité. Si la question de l’homosexualité demeure un enjeu et reste cachée, à aucun moment elle n’entraîne un rejet par un tiers quelconque, d’autant que le film se penche sur un moment particulier : la découverte sexuelle du jeune homme, que ce soit avec Marzia ou Oliver.

Le traitement de la relation amoureuse entre Elio et Oliver gagne aussi en force par le caractère intemporel de l’histoire. Celui-ci est rendu possible grâce à la mise à l’écart des personnages dans cette villa idyllique du XVIIe siècle qui efface les repères temporels. L’effacement de marqueurs de temps – car il y en a tout de même quelques-uns  – est également un choix scénaristique ingénieux proposé par James Ivory. Il donne aux personnages une ampleur beaucoup plus folle. Les acteurs ne sont pas en reste, en proposant de très belles performances filmiques. Liés par une complicité qui transpire de talent à l’écran, Armie Hammer  – Oliver – et Timothée Chalamet  – Elio  – excellents à travers un jeu sobre et puissant. Vu dans Social Network et Code U.N.C.L.E, le baraqué Armie Hammer a enfin la chance de sortir d’un type de rôle qui commençait à lui coller à la peau. Il en est de même avec le jeune et talentueux Timothée Chalamet qui est aujourd’hui réclamé par le tout Hollywood, il joue notamment dans Lady Bird qui sort en même temps que Call Me By Your Name.

La photographie fascine en donnant au film un léger trait d’irréalisme, ses couleurs chaudes avec un travail remarquable du vert et du jaune, appuyé par la beauté des paysages italiens renforcent l’idée de souvenir que chaque spectateur peut avoir de ses vacances d’été à l’aube de l’âge adulte. C’est un travail sur la nostalgie qui donnera à chacun le soin de se rappeler de l’ineffable bonheur d’un été d’antan. La bande originale joue également sur les émotions pures en particulier avec les mélodies à la fois estivales et nostalgiques de Sufjan Stevens avec une voix chuchotée et un arpège de banjo. La bande originale est cependant très variée et laisse place à une musique d’ambiance appuyant les différentes étapes des vacances d’Elio.

Ce dernier est partagé entre le flirt avec Marzia et l’érudition. Le film passe de l’anglais au français, de l’allemand à l’italien. Il ne faut cependant pas oublier que l’histoire se passe dans un milieu élitiste où il est d’usage de parler plusieurs langues. Les références littéraires sont également de mise, par les lectures du jeune Elio et dans les échanges entre les personnages. La réalisation appuie l’excellence du film, avec un travail qui n’empêche pas les acteurs de jouer au mieux, tout en multipliant l’impact émotionnel, par exemple dans une scène de fin très bien pensée. Cependant le film perd un peu de sa splendeur à la fin du deuxième acte, souffrant d’une légère baisse d’intensité et de finesse.

C’est un petit chef-d’œuvre, une histoire d’amour universelle. Luca Guadagnino nous donne envie de se souvenir de notre premier amour, de l’éveil de nos désirs et de nos vacances insouciantes. L’excellence apparaît également dans la photographie et la musique, les acteurs déployant leur talent dans un décor qui nous laisse rêveurs pendant 2 heures et 11 minutes.

Pancake

Jeune scénariste, étudiant à Paris-Sorbonne et éventuellement critique de film

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