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Bienvenue à Suburbicon – Critique

By 5 décembre 2017Critiques
bienvenue a suburbicon
Note de la rédaction :
Déconstruire le rêve américain, tel a été l’objectif de George Clooney pour sa sixième réalisation. Bienvenue à Suburbicon est un film étrange, donnant à voir un microcosme de banlieue américaine à travers plusieurs histoires. Au départ écrit par les frères Coen, George Clooney a repris le scénario pour y inscrire une atmosphère légèrement plus politique. Pour la première fois, le réalisateur ne joue pas dans son propre film, il se contente de diriger et prend cette casquette à cœur. Tous les ingrédients sont présents pour faire un bon film, Alexandre Desplat à la musique, Matt Damon, Julianne Moore et Oscar Isaac au casting. Mais, cela suffit-il pour réussir un film ?

 Résumé : Suburbicon est une paisible petite ville résidentielle aux maisons abordables et aux pelouses impeccablement entretenues, l’endroit parfait pour une vie de famille. Durant l’été 1959, tous les résidents semblent vivre leur rêve américain dans cette parcelle de paradis. Pourtant, sous cette apparente tranquillité, entre les murs de ces pavillons, se cache une réalité tout autre faite de mensonge, de trahison, de duperie et de violence… Bienvenue à Suburbicon.

Une Odyssée politique

C’est à travers une réalisation soignée que George Clooney entreprend son odyssée politique. Un film plein de sens quand on observe le contexte américain actuel. Ami de longue date des Coen, Clooney a souvent arboré sa frimousse dans leur films, de O’brother à Ave,Cesar.
Rempli de bonnes intentions, le film prend la porte de la dérision en créant une atmosphère fausse et tout droit sortie d’un clip publicitaire. La musique de Desplat se prête à merveille à cette ambiance en s’imprégnant de l’imaginaire musicale de cette époque.
Pour défaire les faux-semblants de Suburbicon, George Clooney a voulu mêler deux intrigues. La première, tirée d’une histoire vraie qui narre l’arrivée de la première famille afro-américaine dans une petite ville résidentielle. On suit donc ce que subit cette famille face aux invectives du voisinage. La deuxième explore la vie d’une famille du voisinage qui est victime d’un cambriolage plus que douteux qui ouvrira sur une enquête policière. Différencier les deux intrigues donne au film beaucoup de lenteur, ce qui est dommage tant le film pouvait proposer quelque chose de plus efficace en réunissant ces intrigues.
La famille victime du cambriolage est interprétée par Matt Damon et Julianne Moore, parents d’un jeune garçon. Le film joue le jeu du faux-semblant en utilisant la subjectivité de l’enfant qui ne voit pas ce qui ne va pas dans sa famille et dans sa petite ville. La dissonance est appréciable par la relation de voisinage qu’entretiennent les enfants bien que la question de la xénophobie soit prégnante. Julianne Moore se présente plus bankable que jamais en jouant un des rôles à la mode au cinéma des derniers temps : des jumelles. En effet la jumelle vit avec la famille, et crée par la même occasion une certaine dynamique.

Un humour meurtrier

Bien que les acteurs soient très convaincants dans leurs rôles respectifs, l’intrigue policière souffre d’un trop plein d’humour (noir) à la Coen. Les deux frères ont l’habitude de cette humour, qui peut dénoncer un sujet important tout en étant drôle (O’brother), malheureusement, ici,  on fait face à une certaine indigestion de cet humour mal calibré qui nous fait dire en sortant de la salle que c’était un film sympa, mais oubliable tant l’humour nous passe à côté.
Ici, nous retrouvons un défilé de personnes que nous aimons détester. Des anti-héros, en quelque sorte, qui essaient de mener à bien leur projet. Matt Damon parvient dans son interprétation à dégager quelque chose de patibulaire, tout en conférant un aspect distingué propre aux pères de famille des années cinquante.
En somme, un scénario Made in Clooney & Coen ne fait pas toujours bon ménage. Evidemment il n’est pas question d’un mauvais film mais davantage d’une déception. Le film a de bonnes idées mais il souffre d’un humour quelque peu dénaturé. Une ingénieuse réalisation et un travail sur le décor fascinant qui nous laisse apprécier l’effort esthétique du film.
Pancake

Jeune scénariste, étudiant à Paris-Sorbonne et éventuellement critique de film

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