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battle of the sexes
Note de la rédaction :

Film sur le Tennis, second set. Après Borg/McEnroe il y a quelques semaines, un nouvel adversaire arrive ce mois-ci sur le court. Battle Of The Sexes, sous ses airs de biopic vintage, entend bien traiter d’un sujet plus que d’actualité: L’égalité Homme / Femme, dans le domaine du sport bien entendu, mais également dans toute la société. Un sujet fortement connecté à notre quotidien, mis en images devant la caméra du duo Valerie Faris et Jonathan Dayton, réalisateur de Little Miss Sunshine. La rencontre s’annonçait prometteuse.

SERVICE !

En 1973, l’ancienne gloire du tennis Bobby Riggs (à ne pas confondre avec Bobby Brigs) provoque toutes les tenniswomen américaines en duel. Persuadé que ces matchs prouveront la supériorité masculine dans la discipline mais également sur l’intérêt que porte le public. Focalisant ainsi l’investissement de gros sponsors sur le circuit masculin. Révoltée par cette vague machiste la joueuse Billie Jean King, n°2 mondiale, va se confronter à Riggs. Prouvant l’égalité des femmes dans le tennis, mais également dans la société toute entière.

Sur le court …

Comparé à son homologue européen, Battle Of The Sexes tend à offrir un enjeu beaucoup plus sociale. Situé en

pleine période de changement sociétale aux Etats-Unis (et dans le monde), le film rate sa mise en contexte. Portant son dévolu sur un effet rétro stérile. Le palmarès des joueurs n’est pas présenté dès leur arrivée dans le récit. Quelques informations sont à glaner au fur et à mesure du long-métrage, des miettes pour évoluer leurs niveaux et donc l’issue du duel. Pire encore, King n’est montrée en jeu seulement le milieu de métrage atteint. Empêchant le spectateur d’être pris affectivement par le duel. De l’autre côté, Riggs est systématiquement ridiculisé. Enchaînant les séquences de matchs dans toutes sortes d’accoutrements et d’handicaps absurdes. Élément comique du film, ces bouffonneries peinent à nous arracher un sourire.

Le scénario semble alors être écrit pour aller dans le sens des médias de l’époque. C’est à dire ne pas montrer King, ou plutôt passer sous silence ses faits d’armes, et faire l’éloge de Riggs, la bête médiatique. Un manque de profondeur que l’on constate dans leur quotidien.

… et en dehors

Pour pouvoir survivre tout en vivant de sa passion, King est amenée à faire une tournée de matchs sur la west coast. Le film glisse d’ailleurs le fait qu’un événement sportif pouvait tout à fait être sponsorisé par une marque de cigarettes. Elle mène donc une vie de saltimbanque, entourée d’une troupe de joueuses et de 2 couturiers homosexuels (écrits avec un manque de subtilité, certainement en congé durant la rédaction du script). Elle enchaîne les motels, partage ses repas et ses chambres en compagnie des autres membres de la petite troupe.

Une petite colonie de vacances, où Jean va également découvrir son homosexualité. Bouée de sauvetage narrative, le film passe systématiquement par la sexualité de son personnage pour créer de l’empathie et un élément d’intrigue. L’équilibre des deux facteurs est pourtant mal dosé. Pas assez réaliste dans son traitement, on constate qu’il sert en grande partie aux rebondissements.

Déjà présent dans Little Miss Sunshine, le thème du road trip se retrouve içi dans quelques séquences très biens écrites. Le groupe est présenté comme unie et dévoué à la cause féministe, qui dépasse la sphère sportive. Malheureusement, chaque joueuse manque de relief. Elles interagissent peu entre elles, affaiblissant l’harmonie censée symboliser la troupe.

De l’autre côté, le personnage de Steve Carrel a tout du gamin pourrie gâté. Pariant, trichant et détruisant des objets de valeurs dans sa superbe résidence. Un sportif reconverti en business man, tellement riche qu’il peut se permettre de jeter son argent par les fenêtres. C’est le syndrome du clown triste qui nous est dépeint içi. Le bonheur est absent de sa vie, tout comme le soutien offert par les autres personnages. Ni celui de son plus grand fils ou de sa femme. Cette dernière faisant office de mère de substitution au lieu d’épouse. Elle reste malheureusement en retrait tout à au long de l’intrigue.

C’est donc en substance, un univers manichéen où les méchants riches viennent causer du tort aux gentils mais naïfs passionnés qui nous est décrit.

Et à l’image de son script, la mise en scène brille par son manque d’audace.

Images en revers

Le film nous rabâche en permanence que les personnages ne sont pas le reflet de leur image médiatique. Et pour illustrer ce propos, les réalisateurs abusent de plans sur des miroirs. Si bien que le film offre toutes les variantes possibles concernant l’utilisation d’un miroir au cinéma. Champ, contre champ, report de point. Tout y est jusqu’à l’épuisement ou la parodie.

Autre effet de style, le zoom manuel singe les « défauts » des films de l’époque. Inappropriés, ils donnent à l’image un amateurisme dont elle se serait bien passée tant l’ensemble devient brouillon. Le film semble être rongé par un manque d’investissement de la part des réalisateurs. Tout baigne dans une homogénéité tellement poussée qu’elle va jusqu’à perturber la diffusion du message. Rien n’est spectaculaire ou touchant. On constate la fainéantise une fois la confrontation finale arrivée. En effet, il est difficile d’être engagé émotionnellement lorsque l’on filme une rencontre dans le style et les limitations télévisuels de l’époque.

Servi par un montage rythmiquement proche du gastéropode, le film trouve malgré tout un intérêt durant la classique séquence de training montage. On y retrouve le savoir faire clipesque du tandem Farris/Dayton grâce à un découpage inspiré et un montage rebondissant.

Balle de match

Le force du film réside en définitive dans son casting. Emma Stone convainc totalement dans son rôle de leader qui s’ignore encore. Follement piquante et courageuse, elle donne une prestation remarquable, appuyée par un cast secondaire fort. La beaucoup trop rare Sarah Silverman excelle dans son rôle d’attachée de presse-productrice- manageuse intransigeante et sarcastique. Steve Carrel se distingue lui aussi dans son rôle de bouffon. Irritable du début à la fin, Farris/Dayton lui offre un rôle à sa mesure. Pouvant s’en donner à cœur joie dans l’égocentrisme et les expressions faciales détestables. Les deux leads impressionnent également par leur ressemblance avec les vrais joueurs. Le maquillage, subtil,  parvient à donner une crédibilité supplémentaire aux personnages.

Battle Of The Sexes souffre d’un manque d’ambition clairement affiché. Son sujet est traité avec légèreté et la facilité de son écriture créent une distance avec les spectateurs. Affirmant sa fainéantise dans les séquences de match, l’intérêt du film réside dans la confrontation Stone/Carrel, tous deux impériaux, et une reconstitution délicieusement réussie.  

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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