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Bande à part et Pierrot le fou

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Note de la rédaction :

L’aut‘ soir, on a vu Bande à Part et Pierrot le fou avec ma chérie au Filmmuseum.

Jean-Luc Grosdard, tu connais, toi ?

Genre la Nouvelle Vague et Cie.

J’avais juste vu A bout de Souffle quand j’étais trop jeune et Le Mépris quand j’étais trop méprisant. « Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ? » Et ma paluche dans ta chetron, meuf, tu aimes ? Ch’te jure…

Et puis, donc, l’aut’soir, j’ai vu ces deux là, enfin surtout pour faire plaisir à ma meuf qui adore la culture  « française » presque autant que ma pomme. Moi, perso, je bande plus dur quand je pense au Beau Serge qu’à Antoine Doinel, mon côté paysan crotté sans doute.

Donc, nous v’la au Filmmuseum qu’est plus un ciné qu’un musée et on commence le Rallye Godard ! Oh Yeah ! Ah y’a du bobo austro dans la salle, c’est moi qui vous le dis. On démarre sur les chapeaux de roues avec Bande à Part, le film qui, paraît-il, inspira la scène de danse de Pulp Fiction, musique de Chuck Berry, « C’est la vie » avec Mia Wallace et Vincent Vega qui se déhanchent. Retour d’ascenseur, en fait, car Bande à Part, juste après Jean-pierre Melville, insuffle un vent de fraîcheur au cinoche franchouillard en rendant hommage aux Films Noirs ricains. Godard le sait bien, qui part sur une théorie du moderne et du classique et que tout ce qui est moderne est, par le même coup, classique.

Putain, mes aïeux, le bonheur. Les p’tits jeux de mots genre « t’as plus l’air con que l’R 8 », le coup de la chaise musicale, Claude Brasseur et sa voix rocailleuse.

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Je m’en souvenais en papa dans La Boum et en pédé dans Un Eléphant, ça trompe énormément, mais jamais ne l’avais vu plus jeune, en Bad Boy dans Godard… La musique te prend aux tripes, les acteurs sont géniaux, y’a tellement de scènes cultes qu’il faudrait un bouquin pour les recenser et les analyser au fil de l’épée. Et Godard qui joue avec les règles et le public, voir la minute de silence, le générique d’introduction, et la fin, putain, Claude Brasseur qui se fait flinguer et continue d’avancer revolver au poing, et la leçon d’anglais à mourir de rire et la superbe Anna Karina qui refusent les clopes de Sami Frey mais accepte celles de Claude Brasseur, et la traversée du musée du Louvre en moins de neuf minutes et quarante secondes (record battu), feu d’artifices en noir et blanc sur l’écran, quelques spectateurs applaudissent à la fin.

Nous sortons du film, ma mie mollette et moi aux œufs mollets, nos yeux brillent, mes tétons pointent mais gageons que le froid de la rue en est responsable car il fait frais, oui frais comme la menthe dans ta salade de carottes, tu y rajoutes un filet de citron, du cumin, de l’huile d’olive Monini et un peu d’ail et le tour est joué, t’as une salade de carottes.

La recette est gratos. Une clope et c’est reparti pour la deuxième séance, Pierrot le Fou, le barré, le foldinguot. La salle est PLEINE, oui comme dans le mot PLEIN, les gens sont assis sur les marches,nsur les plus costauds, un enchevêtrement de bras, de jambes et d’yeux. Nous nous asseyons contraints et forcés au premier rang, torticolis assuré, tant pis.

A film is like a battlefield

C’est pas moi qui le dis, c’est Samuel Fuller (réalisateur entre autres de The Naked Kiss et Pick-up on south street) dans les dix premières minutes du film, où l’on découvre aussi Bébel obsédé par la lecture, « ma p’tite fille » qu’il dit sans baignoire clope au bec et qu’il lit à sa gamine un ouvrage analysant Vélasquez. Ah, Bébel mon poteau, immense, intense, si vous n’avez pas encore vu le Magnifique, sautez-dessus ! Bébel /Ferdinand est marié à une italienne, mais il a l’air de s’en foutre.

Il va a une soirée intello bobo mais il a l’air de s’en foutre. Il rentre chez où Marianne / Anna Karina fait le baby sitting.

Un peu plus tard, Bébel reconduit Anna Karina chez elle, dans une américaine, lui dit « je touche ta cuisse » et il répond d’un air détaché sans quitter la route des yeux « moi aussi », elle dit « je te couvre de baisers », « moi aussi » etc.

Et puis tout s’enflamme, comme le procédé de couleur utilisé pour le film. Une musique omniprésente, un road movie en forme de liberté pour deux mavericks qui décident de vivre comme ils l’entendent, sans compromis. On se dit que Terence Malick a sûrement vu ce film avant de tourner Badlands.

Mais ici, c’est juste mieux. Les plans merveilleusement absurdes abondent, comme cette marche dans la rivière, ou Bébel en bagnole qui s’adresse au spectateur, les passages chantés à la Jacques Demy ou Singing in the rain, les jeux de mots « envie » = « en vie », on nage dans une folie libératrice et jouissive, Bébel imite un petit vieux en gros plan, on se moque de l’Oncle Sam et des Popofs, on voudrait que cette folle échappée jamais ne s’arrête pour nos yeux, nos sens émerveillés. Le cinéma, violence, haine, amour passion, explosion, tout est là.

Jean-Paul Belmondo obsédé par ses bouquins, cherchant le sens de sa vie, et Anna Karina qui s’ennuie. Karina qui ne cesse d’appeler Ferdinand Pierrot et lui qui répond imperturbablement, je m’appelle pas Pierrot, je m’appelle Ferdinand. Tu parles, Charles.

Oui, elle s’en va, et le trahit. L’aime-t-elle ? Je crois, oui. Jean-Paul Belmondo la poursuit. Sur un port, il rencontre Raymond Devos, génialissime, qui lui conte une histoire de femmes à hurler de rire, puis il tue sa

chère Marianne, se peint la gueule en bleu en parlant au téléphone, s’entoure de dynamite et allume la mèche, mais soudain, change d’avis. « Oh. Après tout, je suis idiot », lâche-t-il en cherchant à éteindre la mèche, merde, merde, sont ces derniers mots, on revoit la fin d’A bout de souffle, on veut dire merci à Jean-Luc, qui a quand même pas fait que de la merde, il a été grandiose, comme mon vieux Jean-Paul Belmondo, comme cette soirée à regarder, ébahis, heureux comme des gosses, comment ce sagouin a décortiqué le cinéma comme une pistache, nous l’a ouvert, présenté sur un plateau, nous fait rêver, rire, pleurer, nous fait piger que c’est cela même l’essence de la vie, la vie, la vie !

Bande à Part / Pierrot le fou, même combat, on retrouve les mêmes thèmes chers à Jean-Luc Godard, noir et blanc et super couleurs, deux films, tout un univers à découvrir.

Signé : un anti-Godard reconverti.

Botzky

Obsessionnel compulsif, polytoxicomane, polygame, polyglotte et professionnel de Pole-Dance, Botzky n’a pas une mais mille opinions selon le taux de salinité des saisons. Grâce à Doc Ciné, il peut enfin partager le point de vue schizophrène qu’il porte sur sa maîtresse préférée, Miss 7ème Art, et s’en pourlèche les babines avec un plaisir sanguin à rayures ingénues et perverse.

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