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Note de la rédaction :

Quelle ne fut pas notre effroi lorsque nous avons commencé à comprendre après à peine une dizaine de minutes que Ava, le premier long-métrage de Léa Mysius, était si mauvais. Il nous restait au moins 1h30 à subir et nous ne nous faisions déjà plus d’illusion sur la suite de ce qui s’annonçait d’ores et déjà comme le plus embarrassant moment cinéphilique de ce premier semestre 2017. Critique.

Résumé

Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l’océan quand elle apprend qu’elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite…

Nous n’allons pas faire un long réquisitoire, alors commençons par la fin : Ava s’avère être un film très touchant tant il est maladroit. La réalisatrice Léa Mysius a sans doute mis beaucoup d’elle dans le scénario : cette adolescente un peu solitaire, un peu effrontée (oui oui comme le film du même nom…) qui perd peu à peu la vue (non pas que la réalisatrice soit aveugle, quoique…, mais celui qui n’a pas pigé la symbolique peut aller prendre un bain)…

Néanmoins, ne nous voilons pas la face : au sens propre comme au sens figuré, cette histoire nous l’avons vue des centaines de fois. Il faut dire que même quelques mois plus tôt, Grave de Julia Ducournau avait déjà ratissé large en convoquant l’image du roman d’apprentissage au féminin.

D’ailleurs, de roman il est souvent question dans Ava. Non pas dans l’écriture à proprement parler du film, mais dans la voix off et les dialogues ne parvenant pas à se départir des habituels clichés sur l’adolescence.

L’histoire en elle-même est tellement touffue qu’elle en devient inconséquente. Débutant comme un conte d’été à la Rohmer, le film bascule tantôt dans un drame existentiel lorsque l’on suit l’apprentissage d’Ava, tantôt dans une histoire d’amitié avec un chien loup, pour se prolonger avec une histoire d’amour plus ou moins à sens unique avec un jeune gitan. Les péripéties s’enchaînant si vite qu’elles finissent par s’annihiler, nous finissons par nous demander (même avec la meilleure des volontés) ce que la réalisatrice a bien voulu nous raconter.

Pourquoi évoquer ce chien, si c’est pour ne plus le revoir pendant la deuxième partie du film ? Pourquoi montrer les nombreuses séquences d’apprentissage en marchant les yeux bandés, si c’est pour ne rien en tirer par la suite ? Quel est l’intérêt de dépeindre le personnage de la mère de telle sorte que le spectateur s’attende à ce qu’elle devienne un enjeu narratif, si c’est pour abandonner encore une fois cette piste ?

Le fusil de Tchekhov

Nous ne vous apprendrons rien en évoquant le principe du fusil de Tchekhov dans lequel chaque détail mémorable dans un récit de fiction doit être nécessaire et irremplaçable et où aucun de ces éléments ne peut être supprimé. Concrètement, si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S’il n’est pas destiné à être utilisé, il n’a rien à y faire ! Et malheureusement, Ava est truffé de moments inutiles sur le plan narratif.

Médiocre sur le plan narratif, ce qui fait de Ava réellement un échec repose sur deux faiblesses rédhibitoires : une direction d’acteur problématique et une succession de choix de mises en scène absolument incompréhensibles. Sur la direction d’acteur, il faut désormais s’interroger sur toute la hype qui entoure le film : présenté à Cannes, Ava a fait l’unanimité de la presse française qui salue la prestation de la jeune Noée Abita.

Pourtant, on retrouve ce qui nous avait déjà passablement énervé dans Grave c’est-à-dire cette manière de symboliser le trouble et le mal-être du personnage principal par des postures confinant tellement au cliché que cela nous fait désormais immédiatement sourire : les yeux baissés, les bras croisés, la démarche mal-assurée.

Pire encore donc, certains choix de mise en scène : si celle-ci s’avère plutôt fonctionnelle dans la majeure partie du film, quelques moments purement arty viennent définitivement brouiller les pistes, le summum étant une scène de rêve et surtout un moment très gênant pendant lequel la jeune actrice chante en playback une célèbre chanson de Amadou et Mariam.

Pour achever le tout, la technique pêche également sans que l’on comprenne pourquoi, la pellicule permettant en théorie d’obtenir un rendu plus satisfaisant des couleurs et des scènes de nuit. Si la réalisatrice utilise bien son support dans les scènes de plage en plein jour, les scènes de nuit ont quasiment toutes un rendu très décevant. Alors qui peut nous répondre : pourquoi ?

Ava est donc un film très décevant sur quasiment tous les plans. Reste une dernière question : quand est-ce que la presse française va arrêter de sur-vendre ce type de cinéma ?

5
NOTE GLOBALE
Noodles

Fan de cinéma depuis longtemps, je partage mes opinions avec vous. N'hésitez pas à me donner votre avis sur mes critiques. Sur Twitter je suis Noodles, celui qui tombe systématiquement dans le piège des débats relous.

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