Après le très faible Prometheus, Ridley Scott tente de réanimer la flamme de la saga Alien avec un nouvel opus.
On ressort d’Alien : Covenant avec deux certitudes. La première est qu’il ne faut jamais demander à Ridley Scott de coloniser une planète, tant il a tendance dans ses œuvres à confier cette tâche aux représentants les plus stupides de notre espèce, de ceux qui hument le moindre champignon et se penche sur le premier gros œuf suspect venu. La seconde est qu’il est grand temps de l’éloigner de toute camera.
En effet, le film n’est pas seulement décevant, il est raté.
La grande force de la saga Alien, jusqu’à Prometheus, était de permettre à chaque réalisateur d’y apporter sa touche, d’être cet objet malléable ou chacun d’entre eux pouvait projeter son univers, à la fois en termes visuels, narratifs et scénaristiques. Ainsi James Cameron a-t-il pu s’adonner au blockbuster tandis que David Fincher innovait par son esthétique.
Ici, il n’en est rien, Alien : Covenant n’apportant aucune innovation. Le scénario donne le sentiment d’avoir été vu plusieurs fois et se contente dans une large mesure d’amalgamer – mal – des éléments issus des précédents opus : référence à la colonisation (Aliens, le retour), androïde duplice (Alien, le huitième passager), mort de la créature évoquant sensiblement les épisodes un et deux, rapprochement possible avec la bête, d’apparence laiteuse (Alien, la résurrection). Les emprunts dépassent même la saga pour se porter vers Blade Runner à travers les réflexions de l’androïde.
Formellement ce n’est pas plus brillant. En dehors d’une rapide scène montrant l’arrivée d’un vaisseau dans une cité, qui n’est pas sans évoquer Premier Contact, le film est assez laid, plombé par une photo excessivement sombre et travaillée en post-production et par des effets numériques peu réussis, donnant le sentiment d’un certain manque d’application. En outre, à l’exception de quelques séquences, la mise en scène est globalement ratée. En témoigne la première scène, où le montage trop haché et les plans mal choisis viennent nuire à l’atmosphère attendue, bien aidés en cela par des dialogues peu subtils et un Guy Pearce en roue libre.
La plupart des acteurs peine d’ailleurs à convaincre, notamment Katherine Waterston, qui avec son charisme d’escargot est loin d’égaler les performances de Sigourney Weaver. Seul Michael Fassbender, parfait en androïde prométhéen, surnage au milieu de ce naufrage.
Je sors de le voir est je suis entièrement d’accord.
Rien à rajouter… À part éventuellement +1!
C’est juste que c’est un film d’intellectuel critiqué par des egos boursouflés, je remarque surtout que tout à coup n’importe qui devient expert en cinéma pour descendre un chef d’oeuvre objectivement peu criticable. Beaucoup ont critiqué que ce n’est pas Alien 1 numéro 2…Tant mieux! Sinon vous auriez crier au plagiat! Le but du film est différent tout le monde a trop vu la bestiole déjà, plus aucun intérêt de refaire du faux suspens en le bourrant de screamer et autres techniques passées de mode pour un film qui n’a pas le même objectif..
D’autres ont critiqué que les acteurs ne font office que de chair à canon, ne sont pas assez travaillés et ont des réactions « stupides »…D’une il faut caser tous ces personnages dans le film, 2, leurs réactions sont cohérentes avec leurs personnages même si parfois limites, et 3, faire passer l’homme comme indigne de la caméra de Scott est peut-être le but de ce préquel non?
Ils n’ont pas de casques donc se font contaminer comme des cons lit on souvent…Dans le film, il est clairement dit que l’analyse toxicologique a été effectué par Mother, donc ou est la bêtise??? Seul une personne est une scientifique dans ce film, la biologiste, le reste sont des pilotes, managers, techniciens et soldats. Je rappel que dans Alien 1, ils débarquent sur un monde hostile sans armes avec des casques et sans analyses clair du Nostromo de l’environnement de la planète lv426…Ont ils été massivement critiqués à l’époque pour cela????NON. Et le premier qui met sa tête dans l’oeuf et les autres victimes ayant aussi été imprudents dans le contexte en son temps, non plus!
Au niveau de l’ambiance, le malsain, l’angoisse, le beau, l’horrible, l’action et la découverte se côtoient habillement. Non, le suspens de Alien 1 est moins présent car on a trop vu la bête dans les précédents opus et ça n’avait plus d’intérêts de refaire du film de couloir et de suspens. On a affaire à une fresque horrifique unique avec Covenant. L’ambiance sonore accompagnant le tout à « merveille ».
De plus, énormément de monde passe à côté de la seconde lecture du film traitant respectivement, de la relation mère père fils et complexe d’oedipe, et plus loin la relation du père avec les religions patriarcales. Nous avons une épopée artistique, psychologique, religieuse, humainement et spirituellement nihiliste incomprise par beaucoup.
La première scène met en scène David (un grand blond au yeux bleus) et Sir Weyland face à l’Olympe et aux interrogations face à la création (artistique, des divinités et de l’Homme). David montre les premiers signes d’omnipotence quand il défie en quelque sorte ses créateurs en jouant l’entrée des Dieux au Valhalla et rappel son immortalité à son créateur. Ses traits qui deviendront d’ailleurs plus tard les signes de perversion et psychopathie.
Ensuite, le meilleur acteur et plus primé du film meurt sans avoir eu le temps de jouer, brûlé dans son caisson cryogène. Et tout le monde prend cela comme une maladresse…Un personnage important du nom de Jacob (menant des colons) meurt brûlé d’une fuite de gaz dans une boîte après qu’un grand blond aux yeux bleus ai demandé l’ouverture d’urgence des caissons…le double maléfique prêchant l’eugénisme en tentant de créé la créature parfaite, écoutant du Wagner et jouant une oeuvre traitant de la mythologie Nordique…Suis je le seul qui ai remarqué la référence à l’idéologie nazi?????
Nous avons aussi le rapport au fait que Jacob qui est le copain de Danielle est fan d’escalade en montagne et le terme de ne pas faire le varappe en solo sera repris par le second chef assumant une foi aveugle qui mènera l’équipage au chao. Je rappel au passage le premier plan avec l’Olympe où siège les Dieux …à questionner.. ou détrôner plutôt.
Pour l’équipage qui se fera contaminer et massacrer parfois pour ce qui est pris pour de l’imprudence et de la bêtise, nous avons la une partie du sens premier de Covenant qui est une critique violente de l’humanité en générale. L’Homme ne mérite que peu de considération derrière la caméra de Ridley, seul l’androïde et Danielle ont son estime. L’Homme comme les Dieux ne sont pas bons, porteurs des vices dont la finalité est l’Alien, David finira d’ailleurs par les imités.. pour le pire. C’est une dystopie face à la spiritualité, l’humain et leurs dieux. Seul le malsain et le macabre est sublimé et splendide. L’homme et donc l’équipage ne mérite donc que ce qu’il mérite envoyé au charbon par un chef en second à la foi rigide et peu d’humanité (qui refuse de faire le deuil des victimes de l’accident au début car pour lui c’est inutile et ne sert en rien aux objectifs de sa foi).
Je passe sur les scènes d’actions efficaces, la relation de David à sa création, son enfant « l’Alien », son besoin de ressembler à sa perception de ses créateurs et son absence de mère qu’il finira par « épousé » à la fin du film (Mother), le fait que les oeufs sont une extensions de la matrice d’Elisabeth Shaw qu’il considéra surement comme un substitut à sa mère en son temps,l’homosexualité et le désir d’amour de David, et l’apologie des oeuvres de Giger mis en scène tant dans l’exposition du corps d’Elisabeth, de l’exposition du laboratoire de David et dans la mise en scène des 2 premières morts par l’organisme.
Le film fini même par se connecté à la 2e lecture d’Alien avec la scène de la douche où je rappel que l’Alien représentait principalement la peur de la sexualité de H. Ripley. Nous voyons bien que les 2 victimes commettent l’insulte suprême face à ce gimmick freudien à savoir se reproduire..Chose que l’Alien va nous rappeler en simulant la pénétration avec sa queue puis en tuant en premier l’Homme en lui croquant la cervelle au sens propre comme au figuré.
Alien Covenant est donc un film qui ne doit rien à personne et encore moins au faux fans de la série qui ont commis l’irréparable erreur de vouloir s’identifier à un personnage humain dans une fresque magnifiquement nihiliste et unique sur l’Homme.
Merci d’avoir pris le temps de faire cette réponse longue et argumentée. Vous parlez beaucoup de l’histoire mais à vrai dire le problème du film n’est pas le scénario qui a été notamment par John Logan, un scénariste talentueux (Gladiator, Aviator, Sweeney Todd, Hugo Cabret, Skyfall et j’en passe…).
Le gros problème du film est bien la mise en scène du film : en effet, absence totale d’empathie pour les personnages, exposition trop longue et absolument hors-sujet avec l’histoire elle-même et j’en passe… Oui Scott a de hautes ambitions avec ce film mais cela ne veut pas dire qu’il a réalisé un bon film…
Je ne parle que peu de l’histoire..Mais ce que vous reprochez fait justement que le message du film est cohérent à savoir le nihilisme envers l’Homme. Personnellement, à part les personnages d’Aliens 2…Les personnages de l’ancienne quadrilogie n’ont jamais été plus attachant que cela à l’exception de Ripley et des Androïdes. J’espère qu’un jour ce film sera compris à sa juste valeur. Il s’agît quand même de s’attacher à un robot psychopathe anti-héro dans ces préquels, donc bonne chance pour ceux qui sont encore dans l’identification.. Vous croyez vraiment que Ridley est capable de faire ce genre d’erreur à son âge? Sauf si justement ça a été voulu… Quand à la mise en scène..on peut faire différent, mais mieux…le film deviendrait incohérent…le reste n’est que pinailleries.
Peut-être dans Alien 3 et 4 certains acteurs avaient bien le temps de placer plus leur jeu, mais jamais dans Alien 1…Pourtant en son temps on ne lui avait jamais reprocher. Je pense surtout que plus personne n’accepte la remise en question à travers l’art et ce film dérange beaucoup de par son ambiance et son message.
C’est toujours assez marrant, cette tendance à prêter aux autres des ego boursouflés quand on estime sa propre opinion objectivement incontestable.
Ceci étant merci pour vos commentaires riches et étayés. A vrai dire je me demande qui n’a pas remarqué la référence au nazisme, tant elle est évidente et lourdement assénée (Wagner, la mort du personnage incarné par James Franco, les références aux expérimentations). C’est d’ailleurs là un des principaux problèmes du film : son manque de subtilité, qu’il s’agisse de la mise en scène ou du scenario, au sujet duquel je serai moins indulgent que le maître des lieux.
La condamnation de l’humanité que vous évoquez est bien présente, à travers cet androïde prométhéen qui n’est d’autre qu’un reflet de l’homme, dans sa quête créatrice aveugle et sa volonté, folle et destructrice, de domination de la nature qui ne l’amène qu’à nuire à ceux qu’il est supposé protéger, et ressort avec netteté des intentions du réalisateur tout en étant l’aspect le plus captivant de cet opus de la saga. Toutefois un film ne saurait se limiter à un propos, aussi intéressant soit-il. En effet le cinéma est d’abord un art, tant narratif qu’esthétique, et c’est cette dimension que néglige totalement Alien : Covenant à travers sa mise en scène et son écriture ratées.