Un homme nommé cheval (A Man Called Horse) est un film américain réalisé par Elliot Silverstein, sorti en en 1970.
Amis de la poésie et du sang, bonjour !
Le coin du cinéphage souhaite vous présenter aujourd’hui le monde fabuleux des westerns. Alors, les westerns, c’est quoi donc ? C’est un genre vachement oublié. Malheureusement, parce qu’on en produit des tonnes depuis environ le début du cinéma.
Très populaire au temps du muet, on le laisse un peu de côté au début du cinéma parlant, jusqu’à ce qu’arrive John Ford et son Stagecoach (1939) aka La chevauchée fantastique. John Ford lui donne ses lettres de noblesse, John Wayne son acteur fétiche créé le mythe du gunfighter solitaire, suivent Henry Fonda, Gary Cooper, Gregory Peck, James Stewart, on est dans l’époque classique.
Ca s’enlise again, puis Nicholas Ray et Bud Boetticher entre autres introduisent le drame psychologique et la critique sociale sous couvert de western (voir Johnny Guitar ou Seven men from now), Sergio Leone nous introduit avec Pour une poignée de dollars le western Spaghetti, qui est au western ce que la comedia dell’arte est au théâtre, et puis en 1969, Sam Peckinpah tue littéralement le western avec La Horde sauvage, plus violent, plus sale, over the top, Clint Eastwood signera quelques bons films dans les années 70 puis le genre s’éteindra gentiment à l’aune des années 80.
Voilà en grossièrement (très grossièrement) résumé pour les principaux qui enfanteront des millions de milliers de copies, séries B voire Z en tous genre, faut trier y’a du bon et du mauvais, les producteurs avide de money mélangeront TOUS les genres, et bien avant Shanghai Noon on trouve La brute, le colt et le karaté (Blood Money), 1974, où Lee Van Cleef rencontre Lieh Lo, la star de Five Fingers of death, le film qui révéla le genre du Kung-Fu aux américains et auquel Tarantino rend hommage dans Kill Bill.
Nous sommes au début des années 70, donc peu après la tornade sanglante de la Horde Sauvage, et Richard Harris incarne un aristocrate venu découvrir l’Ouest américain sauvage du début 19ème siècle. Sa passion : la chasse. Il est capturé par une tribu d’indiens qui le traitent comme un esclave, ils l’appellent leur cheval, s’où le titre. Petit à petit, il gagnera leur confiance et le cœur de la sœur du chef de tribu et finira par devenir leur leader.
Bon, le film, tourné la même année que Little Big Man, a le même thème, le western du point de vue d’un blanc au milieu des indiens. Mais il n’est pas aussi précis ni développé ni mainstream que ce dernier.

A drunk called Richard harris
Premièrement, Richard Harris n’est pas Dustin Hoffmann. Richard Harris, c’est un irlandais pur jus qui, avec Richard Burton, Peter O’toole et Oliver Reed, est considéré comme l’un des plus grand buveurs de son époque. Et le plus violent. La picole le faisait entrer dans des colères folles, homériques, il passait son temps à s’embrouiller dans les pubs, détruire tout ce qui lui tombait sous la main, il aimait particulièrement déambuler au milieu d’une route à pied et se battre avec les bagnoles et les automobilistes. Un mec charmant, qui quand on lui demande plus tard de résumer sa vie, répond « I wish I could remember it ». Il se rend compte par exemple que sa femme l’a quitté quatre ans après que celle-ci a claqué la porte. Un jour, il sort de leur appartement à Londres en disant « je reviens, je vais boire un verre », sauf qu’il a oublié de préciser qu’il va boire ce verre à Dublin et il réapparaitra environ deux semaines plus tard devant sa femme furieuse, et pour noyer le poisson lui dit « mais chérie, pourquoi t’as pas payé la rançon ?«

Richard Harris est donc très vite considéré comme persona non grata à Hollywood alors que l’un de ses premier films This sporting life l’avait fait qualifier par la critique de Marlon Brando irlandais. Marlon Brando, il l’a d’ailleurs rencontré un peu plus tôt sur le tournage désastreux de Mutiny on the Bounty où la star doit frapper Harris dans une scène, mais le fait avec si peu de conviction qu’Harris le regarde en souriant ironiquement et lui dit « Shall we dance » avant de l’embrasser sur les lèvres. Les deux ne se parleront plus jusqu’à la fin du tournage, leurs scènes ensemble seront tournées avec des doublures.
Harris incarne donc cet Englishman capturé par de sauvages indiens qui le traitent aussi mal que les on traité les cons de colons à leur arrivé, sauf que cela n’est pas vraiment mentionné dans le film.
Mais pourquoi est-il bon ?
On est en pleine période psychédélique, et ca y va du bois. D’abord les indiens sont peinturlurés flashys et en technicolor ça jette. Ensuite le pauvre Harris qu’ils trimbalent au bout d’une corde attachée à son cou, il passe la première demi-heure du film à poil à essayer de s’échapper et se faire cogner dessus. Et comme il parle pas indien il pige rien de ce qu’on lui dit. Fort heureusement, la tribu a également capturé plusieurs années ago un québécois, Baptiste, qui entrave et l’anglais et le patois local. Il parle avec un accent franchouillard et crache tout le temps « sacrebleu ! ». Harris grâce à lui apprend comment la tribu fonctionne, et aide une vieille indienne dans les travaux ménagers, genre porter du bois, couper des trucs, ramasser des baies, et il tombe amoureux de la sœur du chef, une belle brune qu’à l’air aussi indien que moi l’air coréen ou du large.
Elle ressemble à Barbara Steele mais c’est pas elle, c’est une actrice grecque qui n’a pas fait grand-chose de plus, c’est son avant-dernier film avant retraite anticipée. Harris, fatigué de travailler avec les meufs, tue deux indiens d’une tribu adverse, les scalpe avec un air tout de même dégouté, et demande la main de la grecque qui est indienne dans le film. Le chef, il dit pas non, mais il dit pas oui non plus. Il lui explique par le truchement de Baptiste qu’il doit auparavant passer un rite initiatique.

La scène culte
On arrive alors à la scène culte. Harris entre dans un grand tipi où sont réunis les sages de la tribu. On joue du pipeau et du tambour, et pour prouver son courage, on lui plante deux pattes d’aigle dans le torse, puis on lui met deux lames de couteau en dessous, puis on accroche deux cordes au tout et on le hisse par la peau. Hé oui, Hellraiser n’a rien inventé ! Harris en voit des vertes et des pas mûres, il déguste, vision cauchemardesques, filtres de couleurs, profondeurs de champ contrastées, images floutées, il a passé l’épreuve et gagne la main et les fesses de la belle.
Bon après ils vont se faire attaquer par l’autre tribu, plein de monde va mourir dont sa meuf qui était sur le point d’accoucher, mais les ennemis sont repoussés grâce à ses dons de général anglais et il devient finalement chef de la tribu et part sur le sentier de guerre.
Bilan : inégal mais sympa
Réalisé par Elliot Silverstein (voir le coin du cinéphage #1), ce film n’atteint pas les sommets des films de Leone ou des grands classiques de Ford. Mais c’est une très bonne série B, qui pompe le côté bien violent de Peckinpah, et un côté « LSD vision » très tripant. La fin laisse un peu à désirer, ce n’est pas Danse avec les Loups, là c’est le blanc qui explique aux indiens comment il faut vivre et il finit par recouvrir son torse nu de sa veste de cowboy et laisse tomber la plume dans les cheveux. Dans le genre western gore et très très bizarre, on conseillera aussi Django Kill… if you live, shoot ! (1967), du western avec du David Lynch dedans, ou Les quatre de l’Apocalypse de Lucio Fulci (1975) avec du viol et du cannibalisme dedans.