A jamais est le dernier film de Benoît Jacquot, réalisateur de Sade, Les Adieux à la reine ou, plus récemment, Journal d’une femme de chambre.
La semaine du 8 décembre touche à sa fin. Habituellement peuplée de bourgeois péteux qui, si la consommation excessive de pâtés de saindoux qu’ils appellent gastronomie n’avait rendus trop gras et incapables de la moindre souplesse, passeraient leur temps à se reluquer le trou du cul en pensant que c’est le centre du monde, Lyon, envahie à cette occasion de touristes répondant au prénom de Patrick ou Steven, devient alors un enfer. Les gens viennent avec leur chien, les gens viennent avec leurs gosses, et les grenades me manquent pour les arrêter.
Dans l’incapacité de mettre fin à mes jours faute de corde disponible, ayant stupidement oublié de décrocher mes parents, je me suis réfugié au cinéma pour sauver ma vie et découvrir par la même occasion A jamais, le dernier film de Benoît Jacquot, qui, une semaine avant la sortie de Personal Shopper, aborde lui aussi le thème du deuil.
« Il est complètement nul », m’avait prévenu Noodles, dont la sainte parole devait une nouvelle fois prouver sa justesse.
Difficile de juger du travail d’adaptation, faute d’avoir lu la nouvelle de Don DeLillo dont le film est inspiré, mais on a en effet du mal à reconnaître la qualité d’écriture habituelle de l’auteur de Cosmospolis dans cette bouillie de scènes, parfois coupées et enchaînées sans sens ni cohérence. A ce stade de médiocrité on ne se hasarde même pas à attendre du rythme ou de l’intensité.
Au delà du montage et d’un scénario, signé Julia Roy, l’actrice principale, particulièrement faibles, la mise en scène est un désastre. Incapable de faire ressortir le moindre trouble, ne mettant en exergue aucun enjeu, Jacquot semble placer sa caméra au hasard autour des personnages et seuls quelques plans réussis viennent tempérer par moments cette impression. Le tout arrosé d’une musique bien trop présente, à la tonalité exagérément angoissante, généralement sans rapport avec les scènes qu’elle est supposée accompagner.
La direction d’acteurs, qui laisse parfois croire à un sketch des Nuls ou des Inconnus, ne vaut pas mieux, Benoît Jacquot réussissant même l’exploit de faire mal jouer Matthieu Amalric.
Rien ne vient en définitive sauver A jamais, si ce n’est sa courte durée, qui aura au moins eu pour vertu de m’éviter de totalement ruiner mon dimanche soir.