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Note de la rédaction :

Note de la rédaction :

Le Loup de Wall Street, euh… The Big Short : le casse du siècle est un film de Adam McKay (oui, oui, l’acolyte de Will Ferrell et réalisateur de Anchorman: The Legend of Ron Burgundy 1 et 2, Ricky Bobby : Roi du circuit, Frangins malgré eux, Very Bad Cops…). Ce film-témoignage se veut un brûlot contre la crise des subprimes et s’avère un bel hommage au cinéma de Michael Moore. Critique.

Autant j’ai adoré plonger dans les coulisses de la chute d’une banque d’affaires, ressemblant à s’y méprendre à Lehman Brothers,  dans le génial Margin Call (2011) de J.C. Chandor, autant en regardant The Big Short, j’ai eu la curieuse impression de me retrouver face à un long documentaire de Michael Moore. Alors entendons-nous bien, j’apprécie énormément le documentariste de Flint (Michigan), mais je dois dire que je trouve que ce film arrive un peu après la guerre : 4 ans après Margin Call, 2 ans après Le Loup de Wall Street et surtout une dizaine d’années après les derniers bons documentaires de Michael Moore.

C’est du côté de ce dernier qu’il faut chercher une parenté dans le dernier long-métrage de Adam McKay : ce n’est pas la fiction qui l’intéresse dans le sujet du film (il s’agit d’une adaptation d’un roman à succès), mais bien nous retracer comment on en est arrivés là.

Loin de vouloir nous raconter la vie de ses personnages, en dehors d’une caractérisation très superficielle et remplie de clichés de ses personnages principaux et les désordres qui en résultent, le réalisateur veut surtout nous faire un bilan caractérisé du capitalisme d’aujourd’hui. En effet, des clichés sur ses personnages, le film n’en manque pas : l’autiste génie des chiffres incapable de sourire, l’hystérique idéaliste qui dissimule une fêlure, les jeunes ambitieux malins et l’arriviste vénal…

Résultat : on est noyés dans les chiffres et les discours techniques dans un seul but, nous semble-t-il, faire vrai et nous donner la nausée en regardant ce monde qui décidément ne tourne pas rond. Sauf que, merci Adam, mais on n’a pas besoin de ton film pour s’en rendre compte. Par contre, quitte à réaliser un brûlot semi-documentaire, on aurait bien voulu en savoir plus sur les conséquences de ce désastre humanitaire : quid des pauvres gens licenciés et des millions de personnes s’étant endettés à vie ?

Alors, bien sûr, il s’agit d’une histoire vraie et rien que de savoir cela donne des frissons. Mais le cinéma n’est-il rien d’autre que cela ? Au risque de paraître pour le vieux réac de service, qu’aurait fait Sidney Lumet de ce sujet ? Comment John Frankenheimer aurait mis en scène l’absurdité de la situation ? N’y a-t-il pas mieux à faire que de décrire simplement une situation sans en dégager des lignes de fuite ? Sans tomber dans les théories complotistes, on peut regretter que le scénario se contente de survoler son sujet sans essayer d’apporter un minimum d’analyse. Alan J. Pakula, dans À cause d’un assassinat (The Parallax View) en 1974 avait ouvert la voie à un cinéma politique proche de la paranoïa, qu’en reste-t-il alors que la situation semble encore plus surréaliste que dans les années 1970 ?

Ce film décrit une situation ubuesque, scandaleuse et indigne de nos sociétés soi-disant civilisées, et on n’a juste l’impression d’avoir vu un bon divertissement avec quelques bonnes idées de mise en scène à mourir de rire : le décryptage des processus financiers compliqués par de jolies actrices face caméra, dégommant au passage le quatrième mur, les choix de mise en scène osés (je pense notamment à ce montage cut)…

Pourtant en sortant de la projection, on ne ressent rien : pas de révolte, pas de sentiment de trahison, rien. C’est bien dommage et témoigne de la situation actuelle du cinéma mondial. Souvent prompt à s’indigner, le cinéma grand-public américain ne parvient plus à retranscrire cette indignation en idées de mise en scène. Il se contente, la plupart du temps, à recycler cette indignation pour produire ce qu’il sait faire de mieux : de bons divertissements. Game over.

11
Note globale

Fiche technique :

Titre original : The Big Short
Réalisation : Adam McKay
Scénario : Adam McKay
Acteurs principaux : Brad Pitt, Christian Bale, Ryan Gosling, Steve Carell, Karen Gillan
Sociétés de production : Plan B Entertainment, Regency Enterprises
Pays d’origine : États-Unis
Genre : Comédie, dramatique
Durée : 130 minutes
Sortie : 23 décembre 2015
Noodles

Fan de cinéma depuis longtemps, je partage mes opinions avec vous. N'hésitez pas à me donner votre avis sur mes critiques. Sur Twitter je suis Noodles, celui qui tombe systématiquement dans le piège des débats relous.

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