Dossier sur Pixar Animation Studios, les génies de l’Animation, en toute subjectivité.
Oui ça n’est pas très original de trouver que Pixar c’est bien, je sais.
Ni de rester devant Wall-E sans s’arrêter de pleurer, aussi. Tout le monde va y aller de son petit dossier qui va bien, j’en ai bien conscience.
Mais bon, avec la sortie de Vice Versa, voici une sacrée bonne excuse pour rappeler combien Pixar est formidable et pourquoi je les aime d’un amour sans borne et sans frontière.
Pixar : C’est quoi ?
Alors j’aurai bien aimé que Pixar fasse partie de ces studios comme Dreamworks où l’histoire est facile et claire à raconter. Même après avoir lu quelques bouquins dessus, j’ai encore du mal à synthétiser. Alors je vais faire simple.
Au départ, Pixar c’était quelques personnes qui bossaient pour Lucasfilm. En gros. Dans la division informatique quoi. Ils devaient développer les logiciels qui permettaient de faire le rendu de l’animation par ordinateur et des effets spéciaux. Et ils montraient l’efficacité de ce qu’ils avaient développés en faisant des petits courts-métrages (à base de petite lampe par exemple, qui deviendra l’emblème de Pixar, « Luxo » pour les intimes). Avant d’être animateurs, c’était donc des ingénieurs. Pour pouvoir animer sur ordinateur, il ont développé un logiciel capable de « rendre » tout ça fluide : le fameux « RenderMan » (aujourd’hui libre de droit. Gratos quoi). (Par ici RenderMan)
En 1986, cette division informatique de Lucasfilms est racheté par un certain Steve Jobs (et sa société Apple) et devient « Pixar ». La société réalise aussi des publicités. Et puis, une idée folle jaillit de l’esprit Peter Panesque de Lasseter…
Vouloir faire un long-métrage en 3D.
Disney tente le pari et finance une trilogie de 3 films appelés « Toy Story« . Après des années de boulot et un budget riquiqui pour aujourd’hui (10 millions de dollars pour le premier volet, aujourd’hui autour des 150 millions), Pixar sort en 1995 son (et LE) premier long-métrage réalisé en images de synthèses, réalisé par Lasseter himself.
Carton dans le monde entier. D’une part pour la prouesse technique (on avait jamais vu ça), mais aussi pour l’ingéniosité du pitch, marque de fabrique de Pixar.
Imaginer ce que font des jouets une fois que les enfants ont le dos tourné. BIM : Idée de génie.
Pixar : c’est qui ?
Pixar, c’est surtout un homme : John Lasseter, vous l’avez compris. Mais siiiii celui avec les lunettes et les chemises hawaïennes ! Ancien dessinateur chez Disney, c’est lui qui n’a qu’une idée en tête depuis les années 80 : « et si on arrivait à faire des longs-métrages en 3D ? ça serait fou nan ? NAN ?! J’suis sûr qu’on peut y arriver. » Oui, ça leur prendra seulement 15 ans.
Mais c’est aussi Edwin Catmull. Qui incite John Lasseter a rejoindre Lucasfilms et qui aide Steve Jobs a racheté Pixar en 1986.
La trinité Catmull // Jobs // Lasseter deviennent les 3 piliers de ce qui deviendra LA référence en matière d’animation.

Pixar : c’est où ?
Les studios Pixar se trouvent à San Francisco. On raconte plein de choses sur les studios : qu’il y a des salles secrètes, qu’une pièce entière est remplie de céréales, que la chemise hawaienne est obligatoire, entre autres. Derrière cette image détendue du slip, j’aimerai pas être à leurs places en fin de production…Quoi que…
Aujourd’hui : Pixar ou Disney ?
Pixar, Disney, on s’y perd un peu. Disney rachète « pour de vrai » Pixar en 2006. Avant, il en était le coproducteur et le distributeur (via Buena Vista Distribution). Aujourd’hui, John Lasseter est le directeur de la branche animation de Disney. C ‘est à dire qu’il continue à être la tête leadeuse de Pixar, mais que c’est aussi à cause de lui qu’on se retrouve avec Cars 10, Planes, Boats et autres objets avec des yeux.
Cependant, Pixar garde sa liberté et fait un peu ce qu’il veut. Un peu comme les studios Marvel rachetés en 2009 par Disney. Aussi…(comme Lucasfilms aussi…Rien ne les arrête).
Il faut donc bien distinguer Pixar et Disney Animation. Qui ne font pas vraiment les mêmes films. Bien qu’ils soient produits par la même personne : John Lasseter. Vous suivez ?
Pixar : pourquoi ça marche ?
Les scénaristes de Pixar sont surtout des conteurs, mais avouons-le, des petits génies de l’Idée avec un grand « I ».
Là où le cinéma américain stagne à coups de réadaptations, Pixar se détache du lot avec des idées vraiment originales. Pixar, c’est un peu le règne du « il y a des idées tellement évidentes qu’on se demande pourquoi on y a pas pensé avant« . Que ce soit un robot solitaire fan de comédies musicales comme dans Wall-E, ou les émotions qui cohabitent dans la tête d’une ado dans Vice Versa, Pixar a la capacité d’exploiter ce qui manque un peu à notre époque : l’Imagination.
La qualité des films Pixar reposent aussi, à mon avis, sur la façon de travailler, et plus particulièrement, d’écrire. En France, quand on veut réaliser un film ou une série d’animation, on écrit la totalité du texte (synopsis, script etc…) qu’on fait valider aux différents financeurs. Une fois l’écriture validée, on y touche plus. Jamais.
Aux Etats-Unis, que ce soit en animation ou en prises de vues réelles, on écrit en permanence le film. Au fur et à mesure des story-boards, voire de la production, on peut se rendre compte que des choses qui fonctionnaient bien sur le papier ne fonctionnent plus du tout à l’écran. C’est donc, à mon sens, cette capacité de prendre du recul et de faire évoluer l’écriture qui fait que le cinéma américain en général, et Pixar en particulier, est de très bonne qualité.
« Mais pourquoi ne fait-on pas ça en France ? » me direz vous alors. Et bien parce que c’est cher. Pixar peut se permettre de démarrer un film, d’en commencer la production et l’animation, puis de jeter tout ça à la poubelle quand ça ne fonctionne pas, et de recommencer. Dans la réalité des studios d’animation français, ce cas de figure reste utopique. Ce qui veut dire aussi que quand on réalise un film d’animation et qu’on se rend compte de ses faiblesses en France, à un moment, on ne peut plus revenir en arrière. On est un peu « condamné » à terminer quelque chose voué à l’échec, ce qui, au final, fait aussi perdre de l’argent.
Ainsi, ce que nous a présenté Pete Docter l’année dernière au festival d’Animation d’Annecy n’a peut-être plus rien à voir avec ce qui sortira le 17 juin sur nos écrans.
Pourquoi j’aime Pixar
(Attention, ça va être l’instant Kodak de l’article)
Pixar, de l’avis général, est très réputé. Ce n’est donc pas très original d’apprécier grandement les films qui sortent de leur studio. J’ai pourtant une petite histoire particulière avec eux. Voyez vous, amis doc cinéphiles, je n’ai jamais su « ce que je voulais faire quand je serai grande ». Enfin si, mais sans trop oser y croire . J’ai un peu vagabondé par ici par là jusqu’à un jour où on m’a dit : « Mais si tu aimes l’animation, tente les Gobelins ! Ils ont une formation Gestion de production ! ». Moi ? Aux Gobelins ? Ahahah. C’est un peu comme rêver avoir un César ou une lettre de Chris Evans, voyez vous ? Mais bon, j’ai tenté. Parce que je suis incapable de regarder Wall-E sans pleurer par exemple. Pas parce que c’est triste, mais parce que ça me parle, ça me bouleverse. C’est au delà des mots (embêtant quand on écrit un article). Mais rassurez vous, j’ai aussi eu les larmes aux yeux en réécoutant une musique de Kung Fu Panda 2 (de Dreamworks, et j’ai un témoin). Bref : j’avais une lettre de motivation à écrire pour mon dossier, et malgré la motivation et la passion qui étaient bien là, je vivais le fameux « enfer de la page blanche ».
Dans ce cas, il ne me rester plus qu’à me tourner vers un bon vieux classique : Ratatouille. Je retrouvais alors ce frisson dénué de mots qui me traverse le corps quand je vois un Pixar. J’ai réussi pendant un bref moment à mettre des mots sur mes émotions et ma passion.
A la fin du générique, ma lettre de motivation était écrite.
Quelques semaines plus tard, j’étais prise aux Gobelins.
Je sais par avance que je vais devoir regarder Vice Versa avec un kleenex à la main. Même pas peur.
A chaque film, Pixar me réconcilie avec moi-même en faisant de nouveau cohabiter l’adulte que je suis avec l’enfant que je suis restée, quelque part, capable de s’émerveiller devant un monstre cyclope qui met de l’eau de trognotte (ou Esprit de Crotte de Nez) mais aussi de se dire, la trentaine approchant « je vais repartir de rien, parce que ce que me provoque ces films-là mérite que j’en fasse quelque chose. »
Et voir un rêve se réaliser. (Franchement, je vous le conseille, c’est vachement sympa de réaliser un rêve, vraiment). Regarder un Pixar aujourd’hui me rappelle que j’ai fait les bons choix…et que l’émotion, par chance, est restée intacte.
Alors bon, Pixar, pour tous, c’est un grand studio d’animation qui fait des films de ouf.
Pour moi, ça a été un chemin. LE chemin, l’alignement de planètes. Tout ça, tout ça…
Aussi, je pense que les films Pixar sont un peu d’utilité publique : des enfants qui grandissent avec des films aussi jolis, drôles et intelligents feront forcément des adultes avec un bon fond.
Alors merci, les gars.
TOP 5 des films PIXAR (courts-métrages compris)
Les Top, c’est vraiment trop dur mais choisir c’est renoncer alors si il ne devait y en avoir que 5 :
- Monstres et Compagnies de Pete Docter (parce que ça fait près de 15 ans qu’on tourne avec les mêmes blagues avec les copains, et surtout qu’à chaque visionnage, je ne m’en lasse pas)
- Wall-E d’Andrew Stanton (parce que je me retrouve un peu dans ce personnage, et parce que ça dénonce, un peu, quand même hein)
- Ratatouille de Brad Bird (pour la raison citée plus haut, entre autres)
- For The Birds de Ralph Eggleston (parce qu’il y a tout dedans, un vrai concentré de qualité)
- Les Indestructibles de Brad Bird (encore lui, décidément. Peut-être le plus adulte des Pixar)
Probablement que Vice Versa fera une entrée fracassante dans ce Top, à n’en point douter.
Et les autres studios dans tout ça ?
Le marché du film d’animation américain est aujourd’hui dirigé par quelques grands studios leader. Et pour éviter de vous mélanger, et vous permettre de vous la péter en société (je sais que vous en êtes friands), les voici les voilou :
Dreamworks Animation : créée par le trio Spielberg, Katzenberg et Geffen, c’est le concurrent direct de Pixar. On leur doit avant tout Shrek et Dragons. Tourné vers un public plutôt enfant, Dreamworks a fait du très bon (Dragons 2, Megamind, Les Pingouins de Madagascar), comme du très mauvais (Les 5 légendes, par exemple). Dreamworks va essayer de rentabiliser à mort les franchises les prochaines années en sortant Kung Fu Panda 3, Dragons 3, les Croods 2 et carrément Madagascar 4. Gare à l’indigestion et aux boules de poils.
Sony Pictures Animation : « petit » studio, SPA a sorti pour le moment 9 longs métrages aux qualités mitigées. S’il fallait faire une sélection, je vous dirai Les Rebelles de la Fôret, Tempêtes de Boulettes Géantes 1 et 2 (leurs meilleures productions), et Les Pirates, Bons à rien mauvais en tout, coup de poker en stop motion avec les studios Aardman que je vous conseille.
Blue Sky Studios : on leur doit toute la collection Âge de Glace et Rio (que j’aime beaucoup, c’est coloré, musical, ça fout la pêche). Entre autres. En 2015 devrait sortir la version Animation 3D de Snoopy…sur lequel je préfère ne pas donner d’avis.
Illumination Entertainment : bon, ils ont fait Moi, Moche et Méchant, et sortent les Minions cet été. Ok, c’est fait en France, mais pas grand chose à dire de plus.
Reel FX Creative Studios : encore assez inconnu, c’est vers eux qu’il faut se tourner pour de bonnes surprises. Pour l’instant, on leur doit deux long-métrages : Free Birds (Opération Dindon en VF), un espèce de gros délire absurde doublé, entre autres, par Amy Poehler (qu’on retrouvera dans la VO de Vice Versa). Mon dieu ce que j’ai ri pendant ce film. Et The Book of Life ou La légende Manolo dans nos contrées francophones. Un studio à suivre, et de près, s’il vous plait.
L’Outsider : un film qui ne fait pas partie de ces gros studios, même si c’est Warner. Le Royaume de Ga’Hoole réalisé par Zach Snyder en 2010. Un petit bijou que je vous conseille également. Comme ça. Pour le kiff.
Passion Pixar
Si ces studios ont des qualités de production remarquables, seul Pixar se démarque vraiment par des films toujours d’une qualité irréprochable et surtout, le gros point fort : le scénario original et la double lecture qui permet à TOUS les spectateurs (petits et grands, et même moyens) d’apprécier tous les films.
Enfin tout ça pour dire : Pixar…J’t’aime.