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Asphalte – Entretien avec le réalisateur Samuel Benchetrit

By 25 septembre 2015novembre 27th, 2017Quoi de neuf doc ?
asphalte

Hier, doc ciné était invité à la projection presse du film Asphalte de Samuel Benchetrit. Après la projection, le réalisateur est venu répondre aux questions des bloggers et journalistes présents, voici donc un condensé de ses réponses. Vous pouvez également lire la critique du film ici.

Le Cadrage :

« Ce cadrage ( format 1:1, ndlr), a été choisi pour plusieurs raisons. Cette banlieue est très verticale, je savais qu’on allait tourner dans des espaces restreints, il fallait donc un format fort. Tourner en scope dans des espaces très restreints c’est compliqué car on est très vite en gros plan… Et puis ce format a quelque chose de poétique, il force à cadrer »

Les Acteurs :

« C’est assez marrant le travail avec les acteurs sur ce film car je leur ai très peu parlé. J’avais de grands acteurs, donc ils savaient quoi faire, j’avais envie de les encourager à avoir encore plus d’imagination. Les acteurs sont très différents, Gustave (Kervern) est une montagne timide et Valéria (Bruni) a quelque chose de particulier avec les expressions. J’avais fait quelque chose d’assez pervers dans le sens où les acteurs ne s’étaient pas rencontrés avant le tournage. Mon fils (Jules Benchetrit) a vraiment essayé de trouver le personnage et a beaucoup travaillé avec Huppert. Michael Pitt et moi étions vraiment dans un dialogue de ‘Moi Tarzan, toi Jane’. Tassadit jouait merveilleusement faux, je lui ai demandé ce qu’elle faisait dans la vie avant d’être à la retraite et elle était prof d’anglais, j’ai répondu qu’elle était une grande actrice car j’avais l’impression qu’elle ne comprennait rien (aux phrases de l’astronaute américain joué par Pitt). Je redoutais de travailler avec mon fils car c’est une responsabilité, je me disais si on faisait un navet, ce serait terrible pour lui. Jules a connu les plateaux tout petit, il a vu des gens qui travaillaient beaucoup, son grand-père Jean-Louis (Trintignant) a un respect pour son métier et une humilité époustouflante, sa mère (Marie Trintigant) l’avait aussi. C’était très doux, j’étais content qu’il soit là et il était très bon.

De gauche à droite : Gustave Kervern, Tassadit Mandi, Valeria Bruni, Jules Benchetrit, Samuel Benchetrit, Isabelle Hupert & Michael Pitt

De gauche à droite : Gustave Kervern, Tassadit Mandi, Valeria Bruni, Jules Benchetrit, Samuel Benchetrit, Isabelle Hupert & Michael Pitt.

Le rapport avec « Les chroniques de l’asphalte » et les liens entre les histoires :

« Deux histoires sur les trois sont tirées des livres Les chroniques de l’asphalte que j’ai écrit. Celle de Sternkowitz et celle du Cosmonaute, celle de Huppert et de Jules a été écrite pour le film. Le film traite de trois habitants, trois récepteurs qui vont recevoir des étrangers. Toutes ces histoires traitent de personnages dans leur ennui mais aussi dans leur absence de mère. Il n’y avait pas d’ordre (entre les histoires), on a écrit les histoires et on a essayé de les secouer pour créer un lien. Quand on lit le livre on se rend compte que c’est très peu adapté, c’est pour ça qu’au générique on n’a pas écrit « d’après le livre ». Dans le livre les nouvelles sont vraiment des contes, il n’y a pas du tout de développement. C’est un prolongement du livre, l’idée est de donner un autre regard sur la banlieue. Les chroniques de l’asphalte sont plutôt des souvenirs de mon enfance. C’est un film sur la chute : on a un homme qui tombe dans un fauteuil roulant, une actrice qui tombe dans la vie et un mec qui tombe du ciel. Ils tombent chez des gens assez mal vus de la sociétés, les habitants des quartiers, mais qui, pourtant, vont les aider à se relever.

Le lieu de tournage :

« La recherche du lieu de tournage a été compliquée, dans des cités habitées on aurait dérangé les gens et les gens nous auraient dérangés, on a donc décidé de choisir une cité qui allait être détruite. On a eu un attachement pour ce lieu et puis je voulais faire un film qui ait une couleur de l’est, donc là c’était Alsace. Quand on tournait, il n’y avais plus personne dans l’immeuble, on a donc investi les lieux, on a pu casser un mur pour placer une caméra. On tournait dans des gravats mais il y avait quelque chose de très gracieux d’être là tous ensemble.

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L’influence du cinéma sur le film :

« Quand je vois un film j’ai envie qu’on me fasse un état du monde et que le cinéma soit proche du rêve, donc si on arrive à avoir les deux… Moi je me suis souvent planté avec ça. Mais celui là j’ai l’impression qu’il existe pour ça, c’est la réalité qui créé du rêve, cette réalité un peu décalée fabrique une sorte de chose impropable, même si je pense que dans toute cette terre, cela existe.

Il y a un truc qui me fascine en ce moment, c’est le cinéma et la télévision. Je me suis mis à regarder beaucoup de séries. Je me suis dit que toutes les grandes séries que je suis entrain de voir (il mentionnait Fargo & Gomorra) sont tirées de grands films ou du moins leur reneent hommage. Ca veut dire que pour la première fois depuis longtemps, le cinéma doit se réinspirer de lui-même et la télé l’aide là dedans. Celui qui à commencé ça c’est Lynch avec Twin Peaks, dans Game of Thrones il y a Peter Jackson dans chaque plan… toutes ces séries se demandent ‘qu’est-ce qu’il y a de mieux au cinéma ?’ Et même maintenant les metteurs en scène comme Fincher quand il fait Gone Girl par exemple, il fait une série, ça pourrait être une série ce film. Dans la série la psychologie est expliquée autrement, on a pas de transition, on n’a plus de mecs qui mettent deux heures à rentrer. Cette philosophie rappelle au cinéma que dans les années 80, il avait des auteurs délirants et qu’il devrait se réinspirer de ça. Avec mon scénariste quand on a écrit, puis au montage, on voulait toujours être dans l’action, dans l’information, on a coupé beaucoup de scènes d’ennui des acteurs.

Val

Cinéphile en maturation & étudiant en cinéma. J'ai jamais vu Star Wars.

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